DONNEZ LEUR VOUS-MÊMES À MANGER !
Quel prédicateur, ce Jésus ! Mais voilà que la faim se fait sentir. Et la foule est immense ! Les disciples ne voient qu’une solution : renvoyer tout le monde et laisser chacun se débrouiller. Mais Jésus en a une autre… Dès qu’ils osent le geste de foi qu’il leur propose, les cinq pains et les deux poissons deviennent inépuisables. Il y en a même trop ! Oui, vraiment, avec la foi, tout devient possible. « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils l’ont fait !
La liturgie de la fête du Saint-Sacrement joint le récit de l’institution de l’Eucharistie à celui de la multiplication des pains. Les deux nous rappellent Jésus qui nous partage son amour et sa vie. C’est ce qu’il faut retenir en premier de ce grand mystère, sinon notre manière de l’accueillir peut démontrer une bien pauvre idée de l’amour de Jésus. Par exemple, certains sont portés à regarder leur indignité plus que Celui qui se donne ; d’autres considèrent la communion comme une récompense à leurs efforts de perfectionnement… Mais qui est digne de recevoir le Corps du Christ ? Jésus n’est-il pas venu pour les mal-portants ? Qui peut dire qu’il l’a mérité ? N’est-il pas gratuit pour tous ? Ces questions sont essentielles, et Jésus nous invite à aller encore plus loin : s’agit-il d’un don « privé » ou d’un don à partager ?
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Tellement de gens cherchent un sens à leur vie ! Comme les disciples, nous nous sentons à court de moyens devant la foule à nourrir. Jésus nous invite : « Commencez ! Vous verrez bien ! » L’Eucharistie est une force inépuisable pour nous ; elle deviendra une source intarissable pour le monde ! Ceux qui y participent deviennent les canaux qui multiplient l’amour et l’espérance. Jésus nous invite à transmettre le don qu’il nous fait : faisons-lui confiance et nous découvrirons en nous de l’énergie à revendre, puisque nous puisons à sa propre vie. Communier, ce n’est pas seulement un cadeau : c’est une mission. Dire « Amen » au Corps du Christ, c’est devenir les porteurs de sa vie. La foule qui nous entoure connaît toutes sortes de faim. Allons-nous la renvoyer chez elle ou l’inviter à la table ? Quand Jésus demeure en nous, lorsque nous nous donnons à nos frères et à nos soeurs, c’est lui que nous leur donnons.
Jean-Louis Courchesne, s.m.m.