Réflexion

LE VIGNERON ET LE FIGUIER

J’avais à mon bureau une plante dont je prenais un grand soin. Je l’arrosais, je lui parlais, mais elle ne donnait aucun signe de bonne volonté. Mes confrères me disaient souvent : « Cette plante a l’air d’un chien qui perd son poil ! Tu devrais t’en débarrasser !» Pourtant, je ne pouvais me résigner à m’en défaire. À mon anniversaire, ils m’en ont donné une autre pour la remplacer. C’est donc finalement dans ma chambre que ladite plante s’est épanouie.

Cette plante cachait un secret qui la rendait très importante pour moi : elle m’avait été donnée par un jeune handicapé qui se présentait souvent au bureau. En me la donnant, il m’avait dit, les larmes aux yeux : « Jean-Louis, tu es le seul qui prend le temps de m’écouter. » Jusqu’à ce jour, je me demandais quoi lui dire pour l’encourager. Par la suite, je n’avais qu’à lui dire que je prenais bien soin de sa plante, comme Jésus prenait soin de lui et, après une petite prière, il repartait tout heureux.

Dans le figuier stérile, le maître ne voit qu’un manque de revenu ; le vigneron, lui, voit tout le mal qu’il s’est déjà donné et se demande pourquoi on ne lui donnerait pas sa chance. Il se considère d’ailleurs incapable de le couper lui-même car on s’attache à ce qu’on soigne et cultive : « Toi, tu le couperas. »

Le vigneron, c’est Jésus ; le figuier, c’est nous. Nous sommes lents à porter du fruit. Jésus s’est tellement investi pour nous qu’il ne peut s’arrêter au point où nous en sommes. Il s’est attaché à nous ; il nous aime. Seul l’amour peut expliquer sa patience et sa confiance. Il s’adapte à notre rythme, du moment que nous acceptons de marcher. La confiance d’un véritable ami est sans doute le meilleur encouragement à me lever, à ramasser mes morceaux et à aller de l’avant. Jésus : voilà l’Ami, qui m’accepte comme je suis, avec mes limites et mes découragements, mes lenteurs et mes arrêts, et me dit : « Ne lâche pas ! Je t’attends !» Voilà des mots qui font bouger plus que mille reproches. Je peux refuser de me faire sermonner, mais je ne peux que me lever et marcher vers Celui qui me dit : « Je t’aime ; ne l’oublie pas ! Je t’attends ! Viens comme tu peux, mais viens ! »

Jean-Louis Courchesne, s.m.m.