Réflexion

UNE PAROLE DANS LE DÉSERT

Selon la traduction littérale de l’hébreu, le désert est le « lieu sans parole ». On peut donc imaginer la réaction des gens quand la nouvelle s’est répandue qu’un prophète à l’allure hirsute inconnu jusqu’alors y prêchait énergiquement et avec autorité le retour à Dieu et la nécessité de la conversion. Tout le monde allait l’écouter : pharisiens, sadducéens, justes, pécheurs, étrangers, curieux… Certains en revenaient convertis, d’autres sceptiques ou ébranlés, d’autres furieux. Sa parole ne laissait personne indifférent : on l’accueillait ou on la refusait.

 Il est remarquable que l’expression « prêcher dans le désert » ne fasse pas d’abord allusion au désert de sable et de pierres mais au manque d’attention et d’intérêt des auditeurs quand ce n’est pas à leur refus d’entendre le message. Quand notre vie n’est « pas si mal que ça », il est un peu difficile de se croire appelé à la conversion. Comme les pharisiens, nous pouvons répliquer que nous avons Abraham pour père. Cela me pose question : Jésus prêche peut-être dans le désert quand il me parle. Est-ce que je l’écoute vraiment ? Est-ce que je me laisse interpeller par sa Parole ? M’arrive-t-il parfois de mettre Jésus en pénitence en lui laissant entendre que je l’écouterai une autre fois me parler de conversion ?

Quand on joint les paroles de Jean-Baptiste rapportées dans l’Évangile et le portrait que certains films nous en ont laissé, ceux qui croyaient qu’il pouvait être le Messie avaient de quoi avoir peur. Heureusement, c’est Jésus qui est le Messie ! Il est aussi exigeant, mais il a la miséricorde plus facile.

L’Avent est notre attente de Jésus, mais n’oublions pas que lui, il est toujours en attente de nous. Il vient à notre rencontre : quelle part du chemin allons-nous faire ?

La fête de l’Immaculée Conception de Marie, que nous célébrerons demain, nous rappelle que la Vierge est la Mère qui nous accompagne dans notre attente et ne demande qu’à nous aider à nous faire beaux et belles pour la venue de Jésus. Elle sait ce que signifie dire oui au projet de Dieu. Pourquoi, durant cet Avent, ne pas nous arrêter de temps en temps pour dire un « Je vous salue Marie » en lui demandant de transformer nos déserts en bonne terre où la Parole est accueillie pour être redite bien haut à nos frères et sœurs ?

Jean-Louis Courchesne, s.m.m.