TOUSSAINT ET FIDÈLES DÉFUNTS
Voici comment Pierre-Marie Varennes, directeur de la rédaction de la revue Magnificat, a fait le lien entre la Toussaint et la commémoration des fidèles défunts :
« Comme je venais d’avoir ‘l’âge de raison’, l’âge de la première communion, un vieux curé de campagne m’avait expliqué que la Toussaint était d’abord la fête des saints qui n’avaient pas été officiellement canonisés par l’Église, c’est-à-dire de 99,99% des saints. Avec beaucoup d’humour, il me disait que 99,99% des saints du calendrier étaient des « ecclésiastiques héroïques, mais que dans l’Église du ciel, 99,99% des saints étaient des ‘braves laïcs comme tes parents’, car si tel n’était pas le cas, cela voudrait dire que les clercs ont mal fait leur travail de pasteurs et que, dans ce cas, ils ne méritaient pas d’être vénérés par l’Église. Or, concluait-il malicieusement, l’Église ne peut ni se tromper ni nous tromper. Et, m’initiant à la piété filiale, il ajoutait que parmi la myriade des saints fêtés à la Toussaint, il y avait certainement nombre de mes aïeux. Et il m’exhortait à ne pas faire défaut à cette chaîne de la sainteté à travers les âges, qui me faisait la grâce de passer par moi. J’avais bien aimé cette idée que j’étais le maillon d’une longue lignée de saints. Et j’avais compris que le Jour des morts n’est pas le jour des morts, mais la fête des Vivants de nos familles, comme la Toussaint est la fête de la grande famille des Vivants. »
Pour ma part, quand j’étais enfant, je croyais que ceux qu’on fêtait le 1er novembre étaient au ciel et que le 2, on devait prier pour ceux qui, mystérieusement, attendaient leur tour au purgatoire ou je ne savais où. À mesure que j’ai vu partir des gens connus, des gens qui avaient mené une bonne vie, la frontière entre ces deux jours est pratiquement disparue. Qui peut dire qui est au ciel et qui est en attente ? Dieu seul le sait. Une chose est sûre : dans son amour et sa grande miséricorde, il accueille tous ceux qui se présentent à lui.
Face à ce mystérieux et incontournable passage qui clôturera notre vie, saint Paul nous rappelle l’essentiel : « Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur » (Rm 14,8). À la suite de tous les êtres chers qui nous ont précédés, c’est chaque jour que nous devons répondre à l’invitation de Jésus : « Venez à moi » (Mt 11,38).
Jean-Louis Courchesne, s.m.m.
