LE MYSTÈRE DE LA CROIX
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus annonce à Nicodème qu’un jour il sera élevé de terre. Ce sera sur la croix et, comme ceux qui regardaient le serpent d’airain étaient guéris (première lecture), ceux qui le regarderont avec foi seront sauvés.
« Croix » : le mot nous rappelle naturellement la passion et la mort de Jésus. En réalité, il s’agit là de la dernière étape qui a marqué le point culminant de toute sa vie. Pour lui, la croix est bien plus qu’une épreuve ou un malheur qui nous tombe dessus ou vient se coller à la vie comme un parasite indésirable ; elle fait partie de la vie de toute personne qui décide de marcher à sa suite, comme elle a fait partie de sa mission dès le début. N’a-t-il pas rencontré la croix dès sa naissance dans la pauvreté de l’étable de Bethléem et lors de sa fuite en Égypte ?
Jésus choisit le mot « croix » pour désigner tout ce qui accompagne notre décision de nous engager à sa suite. Renoncer à la sagesse du monde ambiant, choisir de vivre selon l’Évangile, c’est en soi abandonner une part de nous-mêmes qui aimerait bien se passer de Dieu, c’est s’attendre à être incompris, à être jugé, rejeté et même persécuté. Jésus lie toujours la croix à la décision qu’on prend de le suivre fidèlement. C’est tous les jours que Jésus a rencontré la croix ; l’incompréhension et le refus l’ont finalement conduit à être mis physiquement en croix. Jésus sur la croix, c’est le Fils de Dieu qui est allé jusqu’au bout dans la fidélité à sa mission.
Accepter ma croix, c’est donc dire oui à la vie, telle qu’elle se présente, c’est accepter la mission qui en sera le cœur, en accueillant Jésus qui s’invite chez moi. Et nos souffrances de toutes sortes ? Elles font partie de la vie et c’est uni à celles de notre Sauveur qu’elles prennent une valeur rédemptrice.
La croix est un scandale pour le monde, nous dit saint Paul. Il nous rappelle que ce qui est folie pour le monde est Sagesse pour Dieu. C’est ce que chantait saint Louis-Marie de Montfort en nous invitant à accueillir la Sagesse de la Croix : « La croix est un mystère très profond ici-bas ; sans beaucoup de lumière, on ne le connaît pas. Il faut pour le comprendre un esprit relevé ; il faut pourtant l’entendre afin d’être sauvé » (Cantique 19).
Jean-Louis Courchesne, s.m.m.