LA FOI DE THOMAS
L’Évangile d’aujourd’hui nous présente l’histoire de Thomas, que nous connaissons bien à cause de son obstination à ne pas croire. Si la résurrection est un mystère, si la foi est aussi une réalité mystérieuse, ne peut-on pas en dire autant du refus et de l’acceptation de la foi?
Depuis la venue de Jésus, la question est posée: croire ou ne pas croire? On trouve toujours de bonnes raisons pour justifier son incroyance. Voici comment l’écrivain russe Dostoïevski (Les frères Karamazov) analysait la réaction de Thomas et des gens soi-disant réalistes devant ce choix. L’approche de nos contemporains est-elle si différente?
« À mon sens, les miracles ne troubleront jamais le réaliste, car ce ne sont pas eux qui l’inclinent à croire. Un véritable réaliste, s’il est incrédule, trouve toujours en lui la force et la faculté de ne pas croire même au miracle, et si ce dernier se présente comme un fait incontestable, il doutera de ses sens plutôt que d’admettre le fait; s’il l’admet, ce sera comme un fait naturel, mais inconnu de lui jusqu’alors. Chez le réaliste, ce n’est pas la foi qui naît du miracle, c’est le miracle qui naît de la foi. Si le réaliste acquiert la foi, il lui faut, en vertu de son réalisme, admettre aussi le miracle. L’apôtre Thomas déclara qu’il ne croirait pas avant d’avoir vu; ensuite, il dit: ‘mon Seigneur et mon Dieu.’ Était-ce le miracle qui l’avait obligé à croire? Très probablement que non; il croyait parce qu’il désirait croire et peut-être avait-il déjà la foi entière dans les replis cachés de son coeur, même lorsqu’il déclarait : ‘je ne croirai pas avant d’avoir vu’. » Qu’est-ce que ça prend pour avoir la foi? Certainement pas des choses à faire, car la foi est un don gratuit. Un don: donc, on ne peut l’acquérir ni le gagner. Mais il vient à qui est prêt à l’accueillir. Chez Thomas, Jésus a trouvé un coeur ouvert à une réalité qui dépasse l’entendement humain. Comme bien des gens aujourd’hui, Thomas doutait de sa foi et en souffrait, il s’est tout de même présenté avec son doute dans l’assemblée des croyants. Jésus l’a récompensé en lui donnant l’Esprit qui a fait de lui le premier à proclamer bien fort la foi que l’Église répète depuis : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jean-Louis Courchesne, s.m.m.